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Dorante.

Prends-y garde ; tu vois que sa mère la fatigue.

Dubois.

Je serais bien fâché qu’elle la laissât en repos.

Dorante.

Elle est confuse de ce que Marton m’a surpris à ses genoux.

Dubois.

Ah ! vraiment, des confusions ! Elle n’y est pas ; elle va en essuyer bien d’autres ! C’est moi qui, voyant le train que prenait la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois.

Dorante.

Araminte pourtant m’a dit que je lui étais insupportable.

Dubois.

Elle a raison. Voulez-vous qu’elle soit de bonne humeur avec un homme qu’il faut qu’elle aime en dépit d’elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son cœur ; et cette femme ne criera pas ! Allez vite, plus de raisonnements : laissez-vous conduire.

Dorante.

Songe que je l’aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères.

Dubois.

Ah ! oui, je sais bien que vous l’aimez ; c’est à cause de cela que je ne vous écoute pas. Êtes-vous en état de juger de rien ? Allons, allons, vous vous