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Dubois, comme s’en allant.

Pure fable. Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire ?

Araminte.

Attends ; comment faire ? Si, lorsqu’il me parle, il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m’en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer. Il est vrai qu’il me fâcherait, s’il parlait ; mais il serait à propos qu’il me fâchât.

Dubois.

Vraiment oui ; monsieur Dorante n’est point digne de madame. S’il était dans une plus grande fortune, comme il n’y a rien à dire à ce qu’il est né, ce serait une autre affaire ; mais il n’est riche qu’en mérite, et ce n’est pas assez.

Araminte, d’un ton comme triste.

Vraiment non ; voilà les usages. Je ne sais pas comment je le traiterai ; je n’en sais rien, je verrai.

Dubois.

Eh bien ! madame a un si beau prétexte. Ce portrait que Marton a cru être le sien, à ce qu’elle m’a dit…

Araminte.

Eh ! non, je ne saurais l’en accuser, c’est le Comte qui l’a fait faire.

Dubois.

Point du tout, c’est de Dorante ; je le sais de lui-même ; et il y travaillait encore il n’y a que deux mois, lorsque je le quittai.