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Dubois.

Et moi je te dis qu’on ne la laissera point, que je la détacherai moi-même, que tu en auras le démenti, et que madame le voudra ainsi.

Araminte.

Eh ! que m’importe ? Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu’on a mis là par hasard, et qui y est resté. Laissez-nous. Cela vaut-il la peine qu’on en parle ?

Madame Argante, d’un ton aigre.

Vous m’excuserez, ma fille ; ce n’est point là sa place et il n’y a qu’à l’ôter. Votre intendant se passera bien de ses contemplations.

Araminte, souriant d’un air railleur.

Oh ! Vous avez raison je ne pense pas qu’il les regrette. (À Arlequin et à Dubois.) Retirez-vous tous deux.



Scène XI

ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON.
Le Comte, d’un ton railleur.

Ce qui est de sûr, c’est que cet homme d’affaires-là est de bon goût.

Araminte, ironiquement.

Oui, la réflexion est juste. Effectivement, il est fort extraordinaire qu’il ait jeté les yeux sur ce tableau !

Madame Argante.

Cet homme-là ne m’a jamais plu un instant, ma