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le comte ; il y a eu quelque mal entendu dans les mesures que vous avez prises ; mais vous ne m’abusez point ; c’est à vous qu’on apportait le portrait. Un homme dont on ne sait pas le nom, qu’on vient chercher ici, c’est vous, monsieur, c’est vous.

Marton, d’un air sérieux.

Je ne crois pas.

Madame Argante.

Oui, oui, c’est monsieur ; à quoi bon vous en défendre ? Dans les termes où vous en êtes avec ma fille, ce n’est pas là un si grand crime ; allons, convenez-en.

Le Comte, froidement.

Non, madame, ce n’est point moi, sur mon honneur. Je ne connais pas M. Remy. Comment aurait-on dit chez lui qu’on aurait de mes nouvelles ici ! Cela ne se peut pas.

Madame Argante, d’un air pensif.

Je ne faisais pas attention à cette circonstance.

Araminte.

Bon ! qu’est-ce que c’est qu’une circonstance de plus ou de moins ? Je n’en rabats rien. Quoi qu’il en soit, je le garde ; personne ne l’aura. Mais, quel bruit entendons-nous ? Voyez ce que c’est, Marton.



Scène X

ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON, DUBOIS, ARLEQUIN.
Arlequin, en entrant.

Tu es un plaisant magot !