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Marton.

Je n’ai pas encore ouvert la boîte, mais c’est moi que vous y allez voir. (Araminte l’ouvre, tous regardent.)

Le Comte.

Eh ! je m’en doutais bien, c’est madame.

Marton.

Madame !… Il est vrai, et me voilà bien loin de mon compte ! (À part.) Dubois avait raison tantôt.

Araminte, à part.

Et moi, je vois clair. (À Marton.) Par quel hasard avez-vous cru que c’était vous ?

Marton.

Ma foi, madame, toute autre que moi s’y serait trompée. M. Remy me dit que son neveu m’aime, qu’il veut nous marier ensemble ; Dorante est présent, et ne dit point non ; il refuse devant moi un très riche parti ; l’oncle s’en prend à moi, me dit que j’en suis cause. Ensuite vient un homme qui apporte ce portrait, qui vient chercher ici celui à qui il appartient ; je l’interroge ; à tout ce qu’il répond, je reconnais Dorante. C’est un petit portrait de femme ; Dorante m’aime jusqu’à refuser sa fortune pour moi. Je conclus donc que c’est moi qu’il a fait peindre. Ai-je eu tort ? J’ai pourtant mal conclu. J’y renonce ; tant d’honneur ne m’appartient point. Je crois voir toute l’étendue de ma méprise, et je me tais.

Araminte.

Ah ! ce n’est pas là une chose bien difficile à deviner. Vous faites le fâché, l’étonné, monsieur