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Le Comte.

Ce qu’il y a de certain, c’est un portrait de femme ; et c’est ici qu’on vient chercher la personne qui l’a fait faire, à qui on doit le rendre ; et ce n’est pas moi.

Marton.

D’accord. Mais quand je vous dis que madame n’y est pour rien, ni vous non plus.

Araminte.

Eh bien ! si vous êtes instruite, dites-nous donc de quoi il est question ; car je veux le savoir. On a des idées qui ne me plaisent point. Parlez.

Madame Argante.

Oui ; ceci a un air de mystère qui est désagréable. Il ne faut pourtant pas vous fâcher, ma fille. Monsieur le comte vous aime, et un peu de jalousie, même injuste, ne messied pas à un amant.

Le Comte.

Je ne suis jaloux que de l’inconnu qui ose se donner le plaisir d’avoir le portrait de madame.

Araminte, vivement.

Comme il vous plaira, monsieur ; mais j’ai entendu ce que vous vouliez dire, et je crains un peu ce caractère d’esprit-là. Eh bien, Marton ?

Marton.

Eh bien, madame, voilà bien du bruit ! c’est mon portrait.

Le Comte.

Votre portrait ?