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Marton.

Point de mystère ; je la tiens, vous dis-je, et je ne m’en fâche pas. Je vous la rendrai quand je l’aurai vue. Retirez-vous ; voici madame avec sa mère et le comte : c’est peut-être de cela qu’ils s’entretiennent. Laissez-moi les calmer là-dessus, et ne les attendez pas.

Dorante, en s’en allant et riant.

Tout a réussi ; elle prend le change à merveille !



Scène IX

ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON.
Araminte.

Marton, qu’est-ce que c’est qu’un portrait dont monsieur le comte me parle, qu’on vient d’apporter ici à quelqu’un qu’on ne nomme pas, et qu’on soupçonne être le mien ? Instruisez-moi de cette histoire-là.

Marton, d’un air rêveur.

Ce n’est rien, madame ; je vous dirai ce que c’est. Je l’ai démêlé après que monsieur le comte est parti ; il n’a que faire de s’alarmer. Il n’y a rien là qui vous intéresse.

Le Comte.

Comment le savez-vous, mademoiselle ? vous n’avez point vu le portrait ?

Marton.

N’importe ; c’est tout comme si je l’avais vu. Je sais qui il regarde ; n’en soyez point en peine.