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être contents. En voilà un des plus curieux qui se fassent. Vous trouverez donc cela raisonnable, madame ?

Araminte.

Je vous laisse, parlez-lui vous-même. (À part.) Il me touche tant, qu’il faut que je m’en aille ! (Elle sort.)

Dorante, à part.

Il ne croit pas si bien me servir.



Scène III

DORANTE, MONSIEUR REMY, MARTON.
Monsieur Remy, regardant son neveu.

Dorante, sais-tu bien qu’il n’y a pas de fou aux Petites-Maisons de ta force ? (Marton arrive.) Venez, mademoiselle Marton.

Marton.

Je viens d’apprendre que vous étiez ici.

Monsieur Remy.

Dites-nous un peu votre sentiment ; que pensez-vous de quelqu’un qui n’a point de bien, et qui refuse d’épouser une honnête et fort jolie femme, avec quinze mille livres de rente bien venant ?

Marton.

Votre question est bien aisée à décider. Ce quelqu’un rêve.

Monsieur Remy, montrant Dorante.

Voilà le rêveur ; et, pour excuse, il allègue son cœur que vous avez pris ; mais comme apparem-