Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Araminte.

Je ne saurais y trouver à redire. En tout cas, si je l’épouse, et qu’il veuille en mettre un autre ici à votre place, vous n’y perdrez point. Je vous promets de vous en trouver une meilleure.

Dorante, tristement.

Non, madame. Si j’ai le malheur de perdre celle-ci, je ne serai plus à personne. Et apparemment que je la perdrai ; je m’y attends.

Araminte.

Je crois pourtant que je plaiderai ; nous verrons.

Dorante.

J’avais encore une petite chose à vous dire, madame. Je viens d’apprendre que le concierge d’une de vos terres est mort. On pourrait y mettre un de vos gens ; et j’ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds.

Araminte.

Non. Envoyez plutôt votre homme au château, et laissez-moi Dubois ; c’est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. À propos, il m’a dit, ce me semble, qu’il avait été à vous quelque temps ?

Dorante, feignant un peu d’embarras.

Il est vrai, madame : il est fidèle, mais peu exact. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu’ils ont servis. Ne me nuirait-il point dans votre esprit ?

Araminte, négligemment.

Celui-ci dit beaucoup de bien de vous, et voilà tout. Que veut M. Remy ?