Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car M. le comte Dorimont est en passe d’aller à tout.

Dorante.

Les paroles sont-elles données de part et d’autre ?

Madame Argante.

Pas tout à fait encore, mais à peu près ; ma fille n’en est pas éloignée. Elle souhaiterait seulement être bien instruite de l’état de l’affaire et savoir si elle n’a pas meilleur droit que monsieur le comte, afin que, si elle l’épouse, il lui en ait plus d’obligation. Mais j’ai quelquefois peur que ce ne soit une défaite. Ma fille n’a qu’un défaut ; c’est que je ne lui trouve pas assez d’élévation. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu’il y a de n’être qu’une bourgeoise. Elle s’endort dans cet état, malgré le bien qu’elle a.

Dorante, doucement.

Peut-être n’en sera-t-elle pas plus heureuse, si elle en sort.

Madame Argante, vivement.

Il ne s’agit pas de ce que vous pensez. Gardez votre petite réflexion roturière ; et servez-nous, si vous voulez être de nos amis.

Marton.

C’est un petit trait de morale qui ne gâte rien à notre affaire !

Madame Argante.

Morale subalterne qui me déplaît.

Dorante.

De quoi est-il question, madame ?