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Araminte.

J’entends qu’au lieu de me servir, ce sera lui que tu serviras.

Arlequin, comme pleurant.

Je ne sais pas pourquoi madame me donne mon congé ; je n’ai pas mérité ce traitement : je l’ai toujours servie à faire plaisir.

Araminte.

Je ne te donne point ton congé ; je te payerai pour être à monsieur.

Arlequin.

Je représente à madame que cela ne serait pas juste ; je ne donnerai pas ma peine d’un côté, pendant que l’argent me viendra d’un autre. Il faut que vous ayez mon service, puisque j’aurai vos gages ; autrement je friponnerais madame.

Araminte.

Je désespère de lui faire entendre raison.

Marton.

Tu es bien sot ! quand je t’envoie quelque part, ou que je te dis : « Fais telle ou telle chose », n’obéis-tu pas ?

Arlequin.

Toujours.

Marton.

Eh bien, ce sera monsieur qui te le dira comme moi, et ce sera à la place de madame et par son ordre.

Arlequin.

Ah ! c’est une autre affaire. C’est madame qui