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Monsieur Remy.

Tout de bon ? C’est de lui dont j’ai parlé à madame pour intendant, et je suis charmé qu’il vous revienne. Il vous a déjà vue plus d’une fois chez moi quand vous y êtes venue ; vous en souvenez-vous ?

Marton.

Non je n’en ai point d’idée.

Monsieur Remy.

On ne prend pas garde à tout. Savez-vous ce qu’il me dit la première fois qu’il vous vit ? « Quelle est cette jolie fille-là ? » (Marton sourit.) Approchez, mon neveu. Mademoiselle, votre père et le sien s’aimaient beaucoup ; pourquoi les enfants ne s’aimeraient-ils pas ? En voilà un qui ne demande pas mieux : c’est un cœur qui se présente bien.

Dorante, embarrassé.

Il n’y a rien là de difficile à croire.

Monsieur Remy.

Voyez comme il vous regarde ! vous ne feriez pas là une si mauvaise emplette.

Marton.

J’en suis persuadée, monsieur prévient en sa faveur, et il faudra voir.

Monsieur Remy.

Bon, bon ! Il faudra ! Je ne m’en irai point que cela ne soit vu.

Marton, riant.

Je craindrais d’aller trop vite.