Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dorante.

Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble.

Dubois.

Oh ! vous m’impatientez avec vos terreurs. Eh ! que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m’en charge, je le veux ; je l’ai mis là. Nous sommes convenus de toutes nos actions, toutes nos mesures sont prises ; je connais l’humeur de ma maîtresse ; je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis ; et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est ; et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ; entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera. Adieu ; je vous quitte ; j’entends quelqu’un, c’est peut-être M. Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L’amour et moi, nous ferons le reste.



Scène III

MONSIEUR REMY, DORANTE.
Monsieur Remy.

Bonjour, mon neveu ; je suis bien aise de vous voir exact. Mademoiselle Marton va venir : on est allé l’avertir. La connaissez-vous ?

Dorante.

Non, monsieur ; pourquoi me le demandez-vous ?