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vous en flattiez pas, mademoiselle ; vous en serez plus attentive à lui plaire, et son amour aura besoin de ce secours-là.

M. Orgon.

Qu’est-ce que c’est donc que cet air de dispute que vous prenez entre vous deux ? Est-ce là comme vous répondez aux soins que je me donne pour vous voir unies ?

Lucile.

Mais vous voyez bien qu’on le prend sur un ton qui n’est pas supportable.

Phénice.

Eh ! que puis-je faire de plus que de renoncer à Damis, si votre cœur le souhaite ?

Lucile.

On vous dit que si mon cœur le souhaitait, on n’aurait que faire de vous, et que la vanité de vos offres est bien inutile sur un objet qu’on vous ôterait avec un regard, si on en avait envie. En voilà assez, finissons.

M. Orgon.

La jolie conversation ! Je vous croyais à toutes deux plus de respect pour moi.

Phénice.

Je ne dirai plus mot ; je n’étais venue que dans le dessein d’embrasser ma sœur, et j’y suis encore prête si ses sentiments me le permettent.

Lucile.

Ah ! qu’à cela ne tienne.

(Elles s’embrassent.)