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Lélio.

Quel aimable désordre d’idées dans la tête ! que de vivacité ! quelles expressions ! que de naïveté ! L’homme a le bon sens en partage ; mais, ma foi, l’esprit n’appartient qu’à la femme. À l’égard de son cœur, ah ! si les plaisirs qu’il nous donne étaient durables, ce serait un séjour délicieux que la terre. Nous autres hommes, pour la plupart, nous sommes jolis en amour ; nous nous répandons en petits sentiments doucereux ; nous avons la marotte d’être délicats, parce que cela donne un air plus tendre ; nous faisons l’amour réglément, tout comme on fait une charge. Nous nous faisons des méthodes de tendresse ; nous allons chez une femme, pourquoi ? Pour l’aimer, parce que c’est le devoir de notre emploi. Quelle pitoyable façon de faire ! Une femme ne veut être ni tendre, ni délicate, ni fâchée, ni bien aise ; elle est tout cela sans le savoir, et cela est charmant. Regardez-la quand elle aime, et qu’elle ne veut pas le dire ; morbleu ! nos tendresses les plus babillardes approchent-elles de l’amour qui passe à travers son silence ?

Arlequin.

Ah ! monsieur, je m’en souviens, Margot avait si bonne grâce à faire comme cela la nigaude !

Lélio.

Sans l’aiguillon de la jalousie et du plaisir, notre cœur, à nous autres, est un vrai paralytique ; nous restons là comme des eaux dormantes, qui attendent qu’on les remue pour se remuer. Le cœur d’une femme se donne sa secousse à lui-même ; il part sur un mot qu’on dit, sur un mot qu’on ne dit pas, sur une contenance. Elle a beau vous avoir dit qu’elle