tout d’un coup et de me faire essuyer les brutalités de cet animal-là.
Pardi ! madame, je ne puis pas jouer deux rôles à la fois ; il faut que je paraisse ou la maîtresse ou la suivante, que j’obéisse ou que j’ordonne.
Fort bien ; mais puisqu’il n’y est plus, écoutez-moi comme votre maîtresse. Vous voyez bien que cet homme-là ne me convient point.
Vous n’avez pas eu le temps de l’examiner beaucoup.
Êtes-vous folle avec votre examen ? Est-il nécessaire de le voir deux fois pour juger du peu de convenance ? En un mot je n’en veux point. Apparemment mon père n’approuve pas la répugnance qu’il me voit ; car il me fuit et ne me dit mot. Dans cette conjoncture, c’est à vous à me tirer tout doucement d’affaire, en témoignant adroitement à ce jeune homme que vous n’êtes pas dans le goût de l’épouser.
Je ne saurais, madame.
Vous ne sauriez ? Et qu’est-ce qui vous en empêche ?
Monsieur Orgon me l’a défendu.
Il vous l’a défendu ! Mais je ne reconnais point mon père à ce procédé-là !