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feindra peut-être plus d'amour qu'il n'en aura ; je n'en aurai peut-être point pour lui, quelque envie que j'aie d'en avoir ; cela ne dépend pas de nous. Mais n'importe, mon obéissance dépend de moi. Vous rejetez Damon, vous préférez l'autre, je l'épouserai. La seule grâce dont j'ai besoin, c'est que vous m'accordiez du temps pour me mettre en état de vous obéir d'une manière moins pénible.

LISETTE

Bon ! quand vous aurez vu le futur, vous ne serez peut-être pas fâchée qu'on expédie, et mon avis n'est pas qu'on recule.

CONSTANCE

Ma mère, je vous conjure de la faire taire, elle abuse de vos bontés ; il est indécent qu'un domestique se mêle de cela.

MADAME DORVILLE, en s'en allant.

Je pense pourtant comme elle, il sera mieux de ne pas différer votre mariage. Adieu ; promenez-vous, je vous laisse. Si vous rencontrez Damon, je vous permets de souffrir qu'il vous aborde ; vous me paraissez si raisonnable que ce n'est pas la peine de vous rien défendre là-dessus.