Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/318

Cette page n’a pas encore été corrigée

LISETTE

J'entends qu'il me faut un mari, et non pas un amant.

PASQUIN

Pour ce qui est d'un amant, avec un mari comme moi, tu n'en auras que faire.

LISETTE

Oui : mais si notre mariage ne se fait jamais ? si Madame Dorville, qui ne connaît point ton maître, marie sa fille à un autre, comme il y a quelque apparence. Il y a quelques jours qu'il lui échappa qu'elle avait des vues, et c'est sur quoi nous raisonnions tantôt, Constance et moi, de façon qu'elle est fort inquiète, et de temps en temps, nous sommes toutes deux tentées de vous laisser là.

PASQUIN

Malepeste ! gardez-vous en bien ; je suis d'avis même que nous vous donnions, mon maître et moi, chacun notre portrait, que vous regarderez, pour vaincre la tentation de nous quitter.

LISETTE

Ne badine point : j'ai charge de ma maîtresse de t'interroger adroitement sur de certaines choses. Il s'agit de savoir ce que tout cela peut devenir, et non pas de s'attacher imprudemment à des inconnus qu'il faut quitter, et qu'on regrette souvent plus qu'ils ne valent.

PASQUIN

M'amour, un peu de politesse dans vos réflexions.