Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

FRONTIN

On le sent encore mieux qu'on ne le voit.

LISETTE

Ah ! le compliment vaut une révérence.

FRONTIN

Passons, passons, ne te pique point de payer mes compliments ce qu'ils valent, je te ruinerais en révérences, et je te cajole gratis. Continuons : vous êtes belles, après ?

LISETTE

Nous sommes orphelines.

FRONTIN

Orphelines ? Expliquons-nous ; l'amour en fait quelquefois, des orphelins ; êtes-vous de sa façon ? Vous êtes assez aimables pour cela.

LISETTE

Non, impertinent ! Il n'y a que deux ans que nos parents sont morts, gens de condition aussi, qui nous ont laissées très riches.

FRONTIN

Voilà de fort bons procédés.

LISETTE

Ils ont eu pour héritières deux filles qui vivent ensemble dans un accord qui va jusqu'à s'habiller l'une comme l'autre, ayant toutes deux presque le même son de voix, toutes deux blondes et charmantes, et qui se trouvent si bien de leur état, qu'elles