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affaire. Que sais-je s’ils n’allaient pas jusqu’à me soupçonner de quelque crime ; ils me haïssaient assez tous deux pour avoir cette charitable opinion de moi ; les dévots prennent leur haine contre vous pour une preuve que vous ne valez rien : oh ! voyez quel rabat-joie de nous rencontrer subitement, en situation si brillante et si prospère.

Mais laissons-les dans leur confusion, et arrivons chez la bonne Mlle Habert.

Je ne monte point chez vous, lui dit Mme de Ferval, parce que j’ai affaire ; adieu, prenez vos mesures pour vous marier au plus tôt, n’y perdez point de temps, et que M. de la Vallée, je vous prie, vienne m’avertir quand c’en sera fait, car jusque-là je serai inquiète.

Nous irons vous en informer tous deux, répondit Mlle Habert ; c’est bien le moins que nous vous devions, madame. Non, non, reprit-elle en jetant sur moi un petit regard d’intelligence qu’elle vit bien que j’entendais, il suffira de lui, mademoiselle, faites à votre aise ; et puis elle partit.

Eh ! Dieu me pardonne, s’écria Mme d’Alain en me revoyant, je crois que c’est M. de la Vallée que vous nous ramenez, notre bonne amie. Tout juste, madame d’Alain, vous y êtes, lui dis-je, et Dieu vous pardonnera de le croire, car vous ne vous trompez point ; bonjour, mademoiselle Agathe (sa fille était là). Soyez le bienvenu, me répondit-elle, ma mère et moi, nous vous croyions perdu.

Comment perdu ? s’écria la veuve ; si vous n’étiez