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plus d’éclat à ma sortie, et plus de célébrité à mon innocence.

Le zèle de cette dame ne s’en tint pas là : Avant que de le ramener chez vous, dit-elle à Mlle Habert, je suis d’avis que nous le menions dans le quartier et vis-à-vis l’endroit où il a été arrêté ; il est bon que ceux qui le virent enlever, et qui pourraient le reconnaître ailleurs, sachent qu’il est innocent ; c’est une attention qui me paraît nécessaire, et peut-être, ajouta-t-elle en s’adressant à moi, reconnaîtrez-vous vous-même quelques-uns de ceux qui vous entouraient quand vous fûtes pris.

Oh ! pour cela, oui, lui dis-je, et n’y eût-il que le chirurgien qui était vis-à-vis la maison, et qu’on appela pour panser les défunts, je serais bien aise de le voir pour lui montrer que je suis plus honnête garçon qu’il ne s’imagine.

Mon Dieu, que madame est incomparable ! s’écria là-dessus Mlle Habert ; car vous n’avez qu’à compter que c’est elle qui a tout fait, monsieur de la Vallée, et quoiqu’elle n’ait regardé que Dieu là dedans. À ce mot de Dieu, que Mme de Ferval savait bien être de trop là dedans : Laissons cela, dit-elle en interrompant ; quand avez-vous dessein de vous marier ? Cette nuit, si rien ne nous empêche, dit Mlle Habert.

Sur ce propos, nous arrivâmes dans cette rue qui m’avait été si fatale, et dont nous avions dit au cocher de prendre le chemin. Nous arrêtâmes devant la maison du chirurgien ; il était à sa porte, et je remarquai