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louer la piété d’une personne qui avait jeté les yeux sur son mari, et qui ne me servait si bien, précisément que parce qu’elle n’était pas si chrétienne. Or, j’étais encore en prison, cela me rendait scrupuleux, et j’avais peur que Dieu ne me punît, si je traitais de pieux des soins dont vraisemblablement le diable et l’homme avaient tous les honneurs.

Je rougis même plus d’une fois pendant que Mlle Habert louait sur ce ton-là Mme de Ferval, sur le compte de laquelle je n’étais pas moi-même irréprochable, et j’étais honteux de voir cette bonne fille si dupe, elle qui méritait si peu de l’être.

Des éloges de Mme de Ferval, nous en vînmes à ce qui s’était passé dans ma prison ; la joie est babillarde, nous ne finissions point ; je lui contait tout ce qu’avait dit le vrai coupable, avec quelle candeur il m’avait justifié, et que c’était grand dommage qu’il se fût malheureusement abandonné à de si terribles coups ; car au fond, il fallait que ce fût