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fus accueilli par Mlle Habert, qui m’embrassa fondant en larmes.

À côté d’elle était un homme vêtu de noir que je ne connaissais pas.

Eh ! monsieur de la Vallée, mon cher enfant, par quel hasard êtes-vous donc ici ? s’écria-t-elle. Je l’embrasse, monsieur, n’en soyez point surpris, nous devions être mariés aujourd’hui, dit-elle à celui qui l’accompagnait. Et puis revenant à moi :

Que vous est-il donc arrivé ? de quoi s’agit-il ?

Je ne répondis pas sur-le-champ, attendri par l’accueil de Mlle Habert ; il fallut me laisser le temps de pleurer à mon tour.

Hélas ! lui dis-je à la fin, c’est une furieuse histoire que la mienne, imaginez-vous que c’est une allée qui est cause que je suis ici ; pendant que j’y étais, on en a fermé la porte, il y avait deux meurtres de faits en haut, on a cru que j’y avais part, et tout de suite me voilà.

Comment ! part à deux meurtres, pour être entré dans une allée ? me répondit-elle. Eh ! mon enfant, qu’est-ce que cela signifie ? expliquez-vous ; eh ! qui est-ce qui a tué ? Je n’en sais rien, repris-je, je n’ai vu que l’épée, que j’ai par mégarde ramassé dans l’allée.

Ceci a l’air grave, dit alors l’homme vêtu de noir ; ce que vous nous rapportez ne saurait nous mettre au fait ; assoyons-nous, et contez-nous la chose comme elle est ; qu’est-ce que c’est que cette allée à laquelle nous n’entendons rien ?