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Et comme en pareil cas tous nos mouvements tendent machinalement à notre conservation, que je n’avais ni verge ni bâton, je me mis à ramasser cette épée, sans trop savoir ce que je faisais.

Le bruit d’en haut redoublait ; il me semblait même entendre des cris comme venants d’une fenêtre de la maison sur la rue, et je ne me trompais pas. Je démêlai qu’on criait : Arrête, arrête. Et, à tout hasard, je tenais toujours cette épée nue d’une main, pendant que de l’autre je tâchais encore d’ouvrir cette misérable porte, qu’à la fin j’ouvris, sans songer à lâcher l’épée.

Mais je n’en fus pas mieux ; toute une populace s’y était assemblée, qui, en me voyant avec l’air effaré que j’avais, et cette épée nue que je tenais, ne douta point que je ne fusse, ou un assassin, ou un voleur.

Je voulus m’échapper, mais il me fut impossible, et les efforts que je fis pour cela ne servirent qu’à rendre contre moi les soupçons encore plus violents.

En même temps voilà des archers ou des sergents, accourus d’une barrière prochaine, qui percent la foule, m’arrachent l’épée que je tenais, et qui me saisissent.