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Je retournais donc chez Mlle Habert ma future, et je doublais joyeusement le pas pour y arriver plus tôt, quand un grand embarras de carrosses et de charrettes m’arrêta à l’entrée d’une rue ; je ne voulus pas m’y engager, de peur d’être blessé ; et en attendant que l’embarras fût fini, j’entrai dans une allée, où, pour passer le temps, je me mis à lire la lettre que Mme de Ferval (c’est ainsi que je nommerai la dame dont je viens de parler) m’avait donnée pour Mlle Habert, et qui n’était pas cachetée.

J’en lisais à peine les premiers mots, qu’un homme descendu de l’escalier qui était au fond de l’allée, la traversa en fuyant à toutes jambes, me froissa en passant, laissa tomber à mes pieds une épée nue qu’il tenait, et se sauva en fermant sur moi la porte de la rue.

Me voilà donc enfermé dans cette allée, non sans quelque émotion de ce que je venais de voir.

Mon premier soin fut de me hâter d’aller à la porte pour la rouvrir ; mais j’y tâchai en vain, je ne pus en venir à bout.

D’un autre côté, j’entendais du bruit en haut de l’escalier. L’allée était assez obscure, cela m’inquiéta.