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obligea pourtant à baisser les yeux, car on ne badine pas avec sa conscience.

Cependant je ne savais plus que faire de cette plume, il était temps de l’avoir rendue bonne, ou de la laisser là.

Je vous supplie, lui dis-je, de me conserver cette bonne volonté que vous me marquez, madame ; il ne saurait me venir du bien d’aucune part, que j’aime autant que de la vôtre.

Et c’était en lui rendant la plume que je parlais ainsi ; elle la prit, l’essaya, et dit : Elle va fort bien. Vous écrivez lisiblement sans doute ? Assez, lui dis-je.

Cela suffit, et j’ai envie, reprit-elle, de vous donner à copier quelque chose que je souhaiterais avoir au net. Quand il vous plaira, madame, lui dis-je.

Là-dessus elle commença sa lettre à Mlle Habert, et de temps en temps levait les yeux sur moi.

Votre père est-il bel homme ? Est-ce à lui que vous ressemblez, ou à votre mère ? me dit-elle, après deux ou trois lignes d’écrites. C’est à ma mère, madame, lui dis-je.

Deux lignes après : Votre histoire avec cette vieille fille qui vous épouse est singulière, ajouta-t-elle