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Là-dessus on annonça quelqu’un. Venez, me dit en se levant la nymphe de cinquante ans, je vais vous donner un petit billet pour Mlle Habert ; c’est une fort bonne fille, je l’ai toujours mieux aimée que l’autre ; et je suis bien aise de lui apprendre comment ceci s’est passé. Monsieur le président, permettez-moi de passer un moment dans votre cabinet pour écrire ; et tout de suite elle part, et je la suis, très content de mon ambassade.

Quand nous fûmes dans ce cabinet : Franchement mon garçon, me dit-elle en prenant une feuille de papier, et en essayant quelques plumes, j’ai d’abord été contre vous ; cette emportée qui sort nous avait si fort parlé à votre désavantage, que votre mariage paraissait la chose du monde la plus extraordinaire ; mais j’ai changé d’avis dès que je vous ai vu ; je vous ai trouvé une physionomie qui détruisait tout le mal qu’elle avait dit ; et effectivement vous l’avez belle, et même heureuse ; Mlle Habert la cadette a raison.

Je suis bien obligé, madame, à la bonne opinion que vous avez de moi, lui répondis-je, et je tâcherai de la mériter.

Oui, me dit-elle, je pense très bien de vous, extrêmement bien, je suis charmée de votre aventure ; et si cette fâcheuse sœur vous faisait encore quelque chicane, vous pouvez compter que je vous servirai contre elle.

C’était toujours en essayant différentes plumes