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ma famille ; elle me dit : La nôtre est de même étoffe ; moi je m’en réjouis ; elle dit qu’elle en est bien aise ; je lui repars, elle me repart ; je la loue, elle me le rend. Vous me paraissez bon garçon. Vous, mademoiselle, la meilleure fille de Paris. Je suis content, lui dis-je. Moi contente. Et puis nous arrivons chez vous, et puis vous la querellez à cause de moi ; vous dites que vous la quitterez, elle vous quitte la première ; elle m’emmène ; la voilà seule, l’ennui la prend, la pensée du mariage lui vient, nous en devisons, je me trouve là tout porté, elle m’estime, je la révère ; je suis fils de fermier, elle petite-fille, elle ne chicane pas sur un cran de plus, sur un cran de moins, sur une boutique en deçà, sur une boutique en delà ; elle a du bien pour nous deux, moi de l’amitié pour quatre ; on appelle un notaire ; j’écris en Champagne, on me récrit, tout est prêt ; et je demande à monsieur le président qui sait la justice par cœur, à madame la présidente, qui nous écoute, à madame, qui a si bon esprit, à monsieur l’abbé qui a de la conscience ; je demande à tout Paris, comme s’il était là, où est ce grand affront que je vous fais ? À ces mots, la compagnie se tut, personne ne répondit. Notre aînée, qui s’attendait que M. le président parlerait, le regardait étonnée de ce qu’il ne disait rien. Quoi ! monsieur, lui dit-elle, est-ce que vous m’abandonnez !

J’aurais fort envie de vous servir, mademoiselle, lui dit-il, mais que voulez-vous que je fasse en pareil