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Oh ! l’âge ne fait rien à cela, dit sans lever la tête la dame dévote, à qui cet article des cinquante ans ne plut pas, parce qu’elle avait sa cinquantaine et qu’elle craignait que ce discours ne fît songer à elle. Et d’ailleurs, dit-elle en continuant, est-elle si âgée, mademoiselle votre sœur ? Vous êtes en colère, et il me semble lui avoir entendu dire qu’elle était de mon âge, et sur ce pied-là, elle serait à peu près de cinq ans plus jeune.

Je vis le président sourire à ce calcul ; apparemment qu’il ne lui paraissait pas exact.

Eh ! madame, reprit Mlle Habert l’aînée d’un ton piqué, je sais l’âge de ma sœur, je suis son aînée, et j’ai près de deux ans plus qu’elle. Oui, madame, elle a cinquante ans moins deux mois, et je pense qu’à cet âge-là on peut passer pour vieille ; pour moi, je vous avoue que je me regarde comme telle ; tout le monde ne se soutient pas comme vous, madame.

Autre sottise qui lui échappa, ou par faute d’attention, ou par rancune.

Comme moi, mademoiselle Habert ? répondit la dame en rougissant ; eh ! où allez-vous ? Est-ce qu’il est question de moi ici ? Je me soutiens, dites-vous,