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C’est donc toi, me dit-il, que la sœur de mademoiselle veut épouser ?

Oui, monsieur, du moins me le dit-elle, et assurément je ne l’en empêcherai pas ; car cela me fait beaucoup d’honneur et de plaisir, lui répondis-je d’un air simple, mais ferme et tranquille. Je m’observai un peu sur le langage, soit dit en passant.

T’épouser, toi ? reprit le président. Es-tu fait pour être son mari ? Oublies-tu que tu n’es que son domestique ?

Je n’aurais pas de peine à l’oublier, lui dis-je, car je ne l’ai été qu’un moment par rencontre.

Voyez l’effronté, comme il vous répond, monsieur le président, dit alors Mlle Habert.

Ah ! point du tout, mademoiselle : c’est que vous êtes fâchée, dit sur-le-champ la présidente d’un ton de voix si bien assorti avec cette physionomie dont j’ai parlé ; M. le président l’interroge, il faut bien qu’il réponde, il n’y a point de mal à cela, écoutons-le.

L’abbé à ce dialogue souriait sous sa main d’un air spirituel et railleur ; M. le président baissait les yeux de l’air d’un homme qui veut rester grave, et qui retient une envie de rire.

L’autre dame, parente de la maison, faisait des nœuds, je pense, et la tête baissée, se contentait par intervalles de lever sourdement les yeux sur moi ; je la voyais qui me mesurait depuis les pieds jusqu’à la tête.

Pourquoi, reprit le président, me dis-tu que tu