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font une âme aimable prenaient une physionomie en commun, elles n’en prendraient point d’autre que celle de cette présidente.

J’entendis qu’elle disait au président d’un ton assez bas : Mon Dieu ! monsieur, il me semble que ce pauvre garçon tremble, allez-y doucement, je vous prie ; et puis elle me regarda tout de suite d’un air qui me disait : Ne vous troublez point.

Ce sont de ces choses si sensibles qu’on ne saurait s’y méprendre.

Mais ce que je dis là m’a écarté. Je comptais les assistants, en voilà déjà trois de nommés, venons aux autres.

Il y avait un abbé d’une mine fine, et mis avec toute la galanterie que pouvait comporter son habit, gesticulant décemment, mais avec grâce ; c’était un petit-maître d’église, je n’en dirai pas de lui davantage, car je ne l’ai jamais revu.

Il y avait encore une dame, parente du président, celle que Mlle Habert avait dit connaître, et qui occupait une partie de la maison ; veuve d’environ cinquante ans, grande personne bien faite, et dont je ferai le portrait dans un moment ; voilà tout :

Il est bon d’avertir que cette dame, dont je promets le portrait, était une dévote aussi. Voilà bien des dévotes, dira-t-on, mais je ne saurais qu’y faire ; c’était par là que Mlle Habert l’aînée la connaissait, et qu’elle avait su l’intéresser dans l’affaire dont il s’agissait ; elles allaient toutes deux au même confessionnal.