donc mon hétéroclite figure ; et je pense qu’il n’y avait rien de si sot que moi, ni de si plaisant à voir. Plus le comte d’Orsan me louait, plus il m’embarrassait.
Il fallait pourtant répondre, avec mon petit habit de soie et ma petite propreté bourgeoise, dont je ne faisais plus d’estime depuis que je voyais tant d’habits magnifiques autour de moi. Mais que répondre ? Oh ! point du tout, monsieur, vous vous moquez ; et puis : C’est une bagatelle, il n’y a pas de quoi ; cela se devait ; je suis votre serviteur.
Voilà de mes réponses, que j’accompagnais civilement de courbettes de corps courtes et fréquentes, auxquelles apparemment ces messieurs prirent goût, car il n’y en eut pas un qui ne me fît des compliments pour avoir la sienne.
Un d’entre eux que je vis se retourner pour rire me mit au fait de la plaisanterie, et acheva de m’anéantir ; il n’y eut plus de courbettes ; ma figure alla comme elle put, et mes réponses de même. Le comte d’Orsan, qui était un galant homme, d’un caractère d’esprit franc et droit, continuait de parler sans s’apercevoir de ce qui se passait sur mon compte. Allons prendre place, me dit-il. Et je le suivis. Il me mena sur le théâtre, où la quantité de monde me mit à couvert de pareils affronts, et où je me plaçai avec lui comme un homme qui se sauve.
C’était une tragédie qu’on jouait, Mithridate, s’il m’en souvient. Ah ! la grande actrice que celle qui