j’en eus du moins pour garant sa façon d’écouter le jeune homme, un certain baissement d’yeux, et ses reparties modiques et rares.
Et puis, Mme d’Orville était si aimable ! En faut-il davantage pour mettre une femme au fait, quelque raisonnable qu’elle soit ? Est-ce que cela ne lui donne pas alors le sens de tout ce qu’on lui dit ? Y a-t-il rien dans ce goût-là qui puisse lui échapper, et ne s’attend-elle pas toujours à pareille chose ?
Mais, monsieur, pourquoi ces trois hommes vous ont-ils attaqué ? lui dit le mari, qui le plus souvent répondait pour sa femme, et qui, de la meilleure foi du monde, disputait de compliments avec le blessé, parce qu’il ne voyait dans les siens que les expressions d’une simple et pure reconnaissance. Les connaissez-vous, ces trois hommes ? ajouta-t-il.
Non, monsieur, reprit le jeune homme, qui, comme vous le verrez dans la suite, nous cacha alors le vrai sujet de son combat ; je n’ai fait que les rencontrer ; ils venaient à moi dans cette rue-ci ; j’étais distrait ; je les ai fort regardés en passant sans songer à eux ; cela leur a déplu ; un d’entre eux m’a dit quelque chose d’impertinent ; je lui ai répondu ; ils ont répliqué tous trois. Là-dessus je n’ai pu m’empêcher de leur donner quelques marques de mépris ; un d’eux m’a dit une injure, je n’y ai reparti qu’en l’attaquant, ils se sont joints à lui, je les ai eus tous trois sur les bras, et j’aurais succombé sans doute, si monsieur (il parlait de moi) n’était généreusement venu me défendre.