la source de ma joie ; mais il n’était pas nécessaire que les autres entrassent si avant dans le secret de mes plaisirs, ni sussent de quoi je les composais.
Sur les trois heures après-midi, vêpres sonnèrent ; ma femme y alla pendant que je lisais je ne sais quel livre sérieux que je n’entendais pas trop, que je ne me souciais pas trop d’entendre, et auquel je ne m’amusais que pour imiter la contenance d’un honnête homme chez soi.
Quand ma compagne fut partie, je quittai ma robe de chambre (laissez-moi en parler pendant qu’elle me réjouit, cela ne durera pas ; j’y serai bientôt accoutumé), je m’habillai, et je sortis pour aller voir la jeune dame de Versailles, pour qui j’avais conçu une assez tendre estime, comme vous l’avez pu voir dans ce que je vous ai déjà dit.
Tout M. de la Vallée que j’étais, moi qui n’avais jamais eu d’autre voiture que mes jambes, ou que ma charrette, quand j’avais mené à Paris le vin du seigneur de notre village, je n’avais pas assurément besoin de carrosse pour aller chez cette dame, et je ne songeais pas non plus à en prendre ; mais un fiacre qui m’arrêta sur une place que je traversais me tenta : Avez-vous affaire de moi, mon gentilhomme ? me dit-il.
Ma foi, mon gentilhomme me gagna ; et je lui dis : Approche.