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convenable, et sans faire d’attention à elle, je saluai Mme de Fécour qui me dit : Ah ! c’est vous, monsieur de la Vallée ; approchez, approchez. Ne querellez point, ma sœur, il n’y a point de mal, je suis bien aise de le voir.

Eh ! mon Dieu, madame, lui répondis-je, comme vous voilà ! Je vous quittai hier en si bonne santé ! Cela est vrai, mon enfant, reprit-elle assez bas, on ne pouvait pas se mieux porter ; j’allai même souper en compagnie, où je mangeai beaucoup et de fort bon appétit. J’ai pourtant pensé mourir cette nuit d’une colique si violente qu’on a cru qu’elle m’emporterait, et qui m’a laissé la fièvre avec des accidents très dangereux, dit-on ; j’étouffe de temps en temps, et on est d’avis de me faire confesser ce soir. Il faut bien que la chose soit sérieuse, et voilà ma sœur qui, heureusement pour moi, arriva hier de la campagne, et qui avait tout à l’heure la bonté de me lire un chapitre de l’Imitation, cela est fort beau. Eh bien, monsieur de la Vallée, contez-moi votre voyage ; êtes-vous content de M. de Fécour ? Voici un accident qui vient fort mal à propos pour vous, car je l’aurais pressé. Que vous a-t-il dit ? J’ai tant de peine à respirer que je ne saurais plus parler. Aurez-vous un emploi ? C’est pour Paris que je l’ai demandé.

Eh ! ma sœur, lui dit l’autre, tenez-vous en repos ; et vous, monsieur, ajouta-t-elle en m’adressant la parole, allez-vous-en, je vous prie ; vous voyez bien qu’il s’agit d’autre chose ici que de vos affaires, et il ne fallait pas entrer sans savoir si vous le pouviez.