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valet de chambre ; car j’ai charge de vous dire qu’en ce cas vous ne parleriez à personne.

À personne ! s’écria-t-elle ; eh ! qu’est-ce que cela signifie ? M. le président passe pour un si honnête homme ; on le dit si homme de bien ; comment se peut-il qu’il en use ainsi ? où est donc sa religion ? ne tient-il qu’à être président pour envoyer chercher un homme qui n’a que faire à lui ? C’est comme un criminel qu’on envoie prendre ; en vérité, je n’y comprends rien, Dieu n’approuve pas ce qu’il fait là ; je suis d’avis qu’on n’y aille pas. Je m’intéresse à M. de la Vallée, je le déclare ; il n’a ni charge, ni emploi, j’en conviens, mais c’est un sujet du roi comme un autre, et il n’est pas permis de maltraiter les sujets du roi, ni de les faire marcher comme cela, sous prétexte qu’on est président, et qu’ils ne sont rien ; mon sentiment est qu’il reste.

Non, mademoiselle, lui dis-je alors, je ne crains rien (et cela était vrai). Ne regardons pas si c’est bien ou mal fait de m’envoyer dire que je vienne ; qu’est-ce que je suis pour être glorieux ? ne faut-il pas se mesurer à son aune ? quand je serai bourgeois de Paris, encore passe ; mais à présent que je suis si petit, il faut bien en porter la peine, et aller suivant ma taille : aux petits les corvées, dit-on. M. le président me mande, trouvons que je suis bien mandé ; M. le président me verra, Sa Présidence me dira ses raisons, je lui dirai les miennes, nous