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est vrai que la porte était fermée ; eh bien ! une autre fois elle sera ouverte ; c’est tantôt l’un, tantôt l’autre, où est le mystère ? On l’ouvre quand on entre, on la ferme quand on est entré. Pour ce qui est de moi, si je n’étais pas avec vous, c’est que j’étais ailleurs, on ne peut pas être partout, je vas, je viens, je tracasse, je fais mon ménage, et ma compagnie cause ; et puis, est-ce que je ne serais pas revenue ? De quoi Mme de Ferval s’embarrasse-t-elle ! N’ai-je pas dit même que c’était votre tante ?

Eh ! vraiment, tant pis, repris-je, car il sait tout le contraire. Pardi ! me dit-elle, le voilà bien savant, n’avez-vous pas peur qu’il vous fasse un procès ?

Pendant que la Remy me parlait, je songeais à ces deux personnes que j’avais laissées dans la chambre ; et quoique je fusse bien aise d’en être sorti à cause de ce nom de Jacob, j’étais pourtant très fâché de ce qu’on avait troublé mon entretien avec Mme de Ferval ; j’en regrettais la suite. Non pas que j’eusse de la tendresse pour elle, je n’en avais jamais eu, quoiqu’il m’eût semblé que j’en avais ; je me suis déjà expliqué là-dessus. Ce jour-là même je ne m’étais pas senti fort empressé en venant au faubourg ; la rencontre de cette jeune femme à Versailles avait extrêmement diminué de mon ardeur pour le rendez-vous.

Mais Mme de Ferval était une femme de conséquence, qui était encore très bien faite, qui était fort blanche, qui avait de belles mains, que j’avais vue négligemment couchée sur un sopha, qui m’y avait jeté