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me presser tant ! Ce n’est pas moi que je regarde là dedans, c’est Mme de Ferval ; qu’est-ce que ce grand je ne sais qui va penser d’elle ? Une porte fermée, point de clef à une serrure, une femme de bien avec un jeune garçon, voilà qui a bonne mine.

Eh ! mon Dieu, mon enfant, me dit-elle, j’en suis désolée ; je tenais la clef de votre chambre quand il est arrivé, savez-vous bien qu’il me l’a arrachée des mains ? Il n’y a rien à craindre, au surplus, c’est un de mes amis, un fort honnête homme, qui voit quelquefois ici une dame de ma connaissance. Je crois entre nous qu’il ne la hait pas, et l’étourdi qu’il est a voulu entrer par jalousie ; mais qu’est-ce que cela fait ? Restez, je suis sûre qu’il va sortir. Bon ! lui dis-je, après celui-là un autre ; vous avez trop de connaissances, madame Remy.

Oh ! dame, reprit-elle, que voulez-vous ? J’ai une grande maison, je suis veuve, je suis seule ; d’honnêtes gens me disent : Nous avons des affaires ensemble, il ne faut pas qu’on le sache ; prêtez-nous votre chambre. Dirai-je que non, surtout à des gens qui me font plaisir, qui ont de l’amitié pour moi ? C’est encore un beau taudis que le mien pour en être chiche, n’est-ce pas ? Après cela, quel mal y a-t-il qu’on ait vu Mme de Ferval avec vous chez moi ? Je me repens de n’avoir pas ouvert tout d’un coup, car qu’est-ce qu’on en peut dire ? Voyons : d’abord il me vient une dame, ensuite arrive un garçon, je les reçois tous deux, les voilà donc ensemble, à moins que je ne les sépare. Le garçon est jeune, est-il obligé d’être vieux ? Il