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de Ferval, se calme sur-le-champ, ôte respectueusement son chapeau, non sans marquer beaucoup d’étonnement, et s’adressant à Mme de Ferval : Ah ! madame, je vous demande mille pardons, dit-il, je suis au désespoir de ce que je viens de faire ; je m’attendais à voir une autre dame à qui je prends intérêt, et je n’ai pas douté que ce ne fût elle que je trouverais ici.

Ah ! vraiment oui ; lui dit Mme Remy, il est bien temps de demander des excuses, et voilà une belle équipée que vous avez fait là ! Madame qui vient ici pour affaires de famille, parler à son neveu qu’elle ne peut voir qu’en secret, avait grand besoin de vos pardons et moi aussi !

Vous avez plus tort que moi, lui dit l’homme en question, vous ne m’aviez jamais averti que vous receviez ici d’autres personnes que la dame que j’y cherchais et moi. Je reviens de dîner de la campagne ; je passe, j’aperçois un équipage dans la petite rue ; je crois qu’à l’ordinaire c’est celui de la dame que je connais. Je ne lui ai pourtant pas donné rendez-vous ; cela me surprend ; je vois même de loin un laquais dont la livrée me trompe. Je fais arrêter mon carrosse pour savoir ce que cette dame fait ici, vous me dites qu’elle n’y est pas ; je vous vois embarrassée ; qui est-ce qui ne se serait pas imaginé à ma place qu’il y avait du mystère ? Au reste, ôtez l’inquiétude que cela a pu donner à madame, c’est comme si rien n’était arrivé, et je la supplie encore une fois de me pardonner, ajouta-t-il, en s’approchant