Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est un charme de l’entendre, elle me ravit, elle me transporte, quel plaisir ! Ah ! que votre chère personne est enchantée !

Et en lui tenant ce discours, je levais avidement les yeux sur elle ; elle était un peu moins enveloppée qu’à l’ordinaire. Il n’y a rien de si friand que ce joli corset-là, m’écriai-je. Allons, allons, petit garçon, ne songez point à cela, je ne le veux pas, dit-elle.

Et là-dessus elle se raccommodait assez mal. Eh ! ma gracieuse dame, repartis-je, cela est si bien arrangé, n’y touchez pas. Je lui pris les mains alors ; elle avait les yeux pleins d’amour, elle soupira, me dit : Que me veux-tu, la Vallée, j’ai bien mal fait de ne pas retenir la Remy, une autre fois je la retiendrai, tu n’entends point raison, recule-toi un peu ; voilà des fenêtres d’où on peut nous voir.

Et en effet, il y avait de l’autre côté des vues sur nous. Il n’y a qu’à rentrer dans la chambre, lui dis-je. Il le faut bien, reprit-elle ; mais modère-toi, mon bel enfant, modère-toi ; je suis venue ici de si bonne foi, et tu m’inquiètes avec ton amour.

Je n’ai pourtant que celui que vous m’avez donné, répondis-je ; mais vous voilà debout, cela fatigue, assoyons-nous, tenez, remettez-vous à la place où vous étiez quand je suis venu. Quoi, là, dit-elle ; oh ! je n’oserais, j’y serais trop enfermée, à moins que tu n’appelles la Remy ; appelle-la, je t’en prie ; ce qu’elle disait d’un ton qui n’avait rien d’opiniâtre, et insensiblement nous nous approchions de l’endroit