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vos affaires, je serai bien aise d’être un peu au fait. D’où vient est-ce que votre mari a eu des malheurs ? est-ce qu’il était riche ? de quel pays êtes-vous ?

D’Orléans, monsieur, lui dit-elle. Ah ! d’Orléans, c’est une fort bonne ville, reprit-il ; y avez-vous vos parents ? qu’est-ce que c’est que votre histoire ? j’ai encore un quart d’heure à vous donner, et comme je m’intéresse à vous, il est naturel que je sache qui vous êtes, cela me fera plaisir ; voyons.

Monsieur, lui dit-elle, mon histoire ne sera pas longue.

Ma famille est d’Orléans, mais je n’y ai point été élevée. Je suis la fille d’un gentilhomme peu riche, et qui demeurait avec ma mère à deux lieues de cette ville, dans une terre qui lui restait des biens de sa famille, et où il est mort.

Ah ! ah ! dit M. Bono (c’était le nom de notre patron), la fille d’un gentilhomme : à la bonne heure, mais à quoi cela sert-il quand il est pauvre ? Continuez.