C’était toujours la mère qui répondait la première ; ensuite venait la fille qui appuyait modestement ce qu’elle avait dit, et toujours à la fin de son discours un regard où je voyais plus qu’elle ne me disait.
Enfin notre repas finit ; nous parlâmes du rendez-vous que nous avions qui nous paraissait très singulier.
Deux heures sonnèrent, et nous y allâmes ; on nous dit que notre homme achevait de dîner, et comme il avait averti ses gens que nous viendrions, on nous fit entrer dans une petite salle où nous l’attendîmes, et où il vint quelques instants après, un cure-dent à la main. Je parle du cure-dent, parce qu’il sert à caractériser la réception qu’il nous fit.
Il faut le peindre. Comme je l’ai déjà dit, un gros homme, d’une taille au-dessous de la médiocre, d’une allure assez pesante, avec une mine de grondeur, et qui avait la parole si rapide, que de quatre mots qu’il disait, il en culbutait la moitié.
Nous le reçûmes avec force révérences, qu’il nous laissa faire tant que nous voulûmes, sans être tenté d’y répondre seulement du moindre salut de tête, et je ne crois pas que ce fût par fierté, mais bien par un pur oubli de toute cérémonie ; c’est que cela lui était plus commode, et qu’il avait petit à petit pris ce pli-là, à force de voir journellement des subalternes de son métier.
Il s’avança vers la jeune dame avec le cure-dent, qui, comme vous voyez, accompagnait fort bien la simplicité de son accueil.