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consolés, du moins plus tranquilles que nous l’aurions été sans ses assurances de services. Demain, dit-elle, au défaut de M. Doucin, nous trouverons bien un prêtre qui vous mariera. Nous la remerciâmes de son zèle, et elle partit avec Agathe, qui, ce soir-là, ne mit rien pour moi dans la révérence qu’elle nous fit.

Pendant que Cathos nous desservait (c’était le nom de notre cuisinière) : Monsieur de la Vallée, me dit tout bas Mlle Habert, il faut que tu te retires ; il ne convient pas que cette fille nous laisse ensemble. Mais ne sais-tu personne qui puisse te protéger ici ? car je crains que ma sœur ne nous inquiète ; je gage que M. Doucin aura été l’avertir ; et je la connais, je ne m’attends pas qu’elle nous laisse en repos.

Pardi cousine, lui dis-je, pourvu que vous me souteniez, que peut-elle faire ? Si j’ai votre cœur, qu’ai-je besoin d’autre chose ? Je suis honnête garçon une fois, fils de braves gens ; mon père consent, vous consentez, je consens aussi, voilà le principal.

Surtout, me dit-elle, ne te laisse point intimider, quelque chose qui arrive ; je te le recommande ; car ma sœur a bien des amis, et peut-être emploiera-t-on la menace contre toi ; tu n’as point d’expérience, la peur te prendra, et tu me quitteras faute de résolution.

Vous quitter ? lui dis-je ; oui, quand je serai mort,