dans d’assez grandes affaires, et extrêmement connu des ministres.
Il me fallut traverser plusieurs cours pour arriver jusqu’à lui, et enfin on m’introduisit dans un grand cabinet où je le trouvai en assez nombreuse compagnie.
M. de Fécour paraissait avoir cinquante-cinq à soixante ans ; un assez grand homme de peu d’embonpoint, très brun de visage ; d’un sérieux, non pas à glacer, car ce sérieux-là est naturel, et vient du caractère de l’esprit.
Mais le sien glaçait moins qu’il n’humiliait : c’était un air fier et hautain qui vient de ce qu’on songe à son importance et qu’on veut la faire respecter.
Les gens qui nous approchent sentent ces différences-là plus ou moins confusément ; nous nous connaissons tous si bien en orgueil, que personne ne saurait nous faire un secret du sien ; c’est quelquefois même sans y penser la première chose à quoi l’on regarde en abordant un inconnu.
Quoi qu’il en soit, voilà l’impression que me fit M. de Fécour. Je m’avançai vers lui d’un air fort humble ; il écrivait une lettre, je pense, pendant que sa compagnie causait.
Je lui fis mon compliment avec cette émotion qu’on a quand on est un petit personnage, et qu’on vient demander une grâce à quelqu’un d’important qui ne vous aide ni ne vous encourage, qui ne vous regarde point ; car M. de Fécour entendit tout ce que je lui dis sans jeter les yeux sur moi.