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et plus digne de vous. Car vous aurez plus d’esprit que vous n’en avez, au moins j’ai vu de vous des choses qui le promettent ; vous ne ferez pas même grand cas de celui que vous avez eu jusqu’ici, et à peine en ferez-vous un peu de tout celui qu’on peut avoir : voilà du moins comment sont ceux qui ont le plus écrit, à ce qu’on leur entend dire.

Je ne vous parle de critique, au reste, qu’à l’occasion de celle que j’ai vue dans votre livre, et qui regarde un des convives (et il le nomma) qui était avec nous le jour que nous dînâmes ensemble, et je vous avoue que j’ai été surpris de trouver cinquante ou soixante pages de votre ouvrage pesamment employées contre lui ; en vérité je voudrais bien, pour l’amour de vous, qu’elles n’y fussent pas.

Mais nous voici arrivés, vous m’avez demandé mon sentiment ; je vous l’ai dit en homme qui aime vos talents, et qui souhaite vous voir un jour l’objet d’autant de critiques qu’on en a fait contre celui dont nous parlons. Peut-être n’en serez-vous pas pour cela plus habile homme qu’il l’est ; mais du moins ferez-vous alors la figure d’un homme qui paraîtra valoir quelque chose.

Voilà par où finit l’officier, et je rapporte son discours à peu près comme je le compris alors.

Notre voiture arrêta là-dessus, nous descendîmes, et chacun se sépara.

Il n’était pas encore midi, et je me hâtai d’aller porter ma lettre à M. de Fécour, dont je n’eus pas de peine à apprendre la demeure ; c’était un homme