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Il est vrai que ce lecteur est homme aussi, mais c’est alors un homme en repos, qui a du goût, qui est délicat, qui s’attend qu’on fera rire son esprit, qui veut pourtant bien qu’on le débauche, mais honnêtement, avec des façons, et avec de la décence.

Tout ce que je dis là n’empêche pas qu’il n’y ait de jolies choses dans votre livre, assurément j’y en ai remarqué plusieurs de ce genre.

À l’égard de votre style, je ne le trouve point mauvais, à l’exception qu’il y a quelquefois des phrases allongées, lâches, et par là confuses, embarrassées ; ce qui vient apparemment de ce que vous n’avez pas assez débrouillé vos idées, ou que vous ne les avez pas mises dans un certain ordre. Mais vous ne faites que commencer, monsieur, et c’est un petit défaut dont vous vous corrigerez en écrivant, aussi bien que de celui de critiquer les autres, et surtout de les critiquer de ce ton aisé et badin que vous avez tâché d’avoir, et avec cette confiance dont vous rirez vous-même, ou que vous vous reprocherez, quand vous serez un peu plus philosophe, et que vous aurez acquis une certaine façon de penser plus mûre