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naturellement libertins, ou pour mieux dire corrompus ; mais en fait d’ouvrages d’esprit, il ne faut pas prendre cela à la lettre, ni nous traiter d’emblée sur ce pied-là. Un lecteur veut être ménagé. Vous, auteur, voulez-vous mettre sa corruption dans vos intérêts ? allez-y doucement du moins, apprivoisez-la, mais ne la poussez pas à bout.

Ce lecteur aime pourtant les licences, mais non pas les licences extrêmes, excessives ; celles-là ne sont supportables que dans la réalité, qui en adoucit l’effronterie ; elles ne sont à leur place que là, et nous les y passons, parce que nous y sommes plus hommes qu’ailleurs ; mais non pas dans un livre, où elles deviennent plates, sales et rebutantes, à cause du peu de convenance qu’elles ont avec l’état tranquille d’un lecteur.