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vous avec votre piété équivoque ; ne m’échauffez pas la tête, et laissez-moi en repos.

Que fit-elle ? Nous avions une petite femme de chambre dans la maison, assez gentille, et fort bonne enfant, qui ne plaisait pas à madame, parce qu’elle était, je pense, plus jeune et plus jolie qu’elle, et que j’en étais assez content. Je serais peut-être mort dans ma maladie sans elle.

La pauvre petite fille me consolait quelquefois des bizarreries de ma femme, et m’apaisait quand j’étais en colère ; ce qui faisait que, de mon côté, je la soutenais et que j’avais de la bienveillance pour elle. Je l’ai même gardée, parce qu’elle est entendue, et qu’elle m’est extrêmement utile.

Or ma femme, après qu’on eut dîné, la fit venir dans sa chambre, prit je ne sais quel prétexte pour la quereller, la souffleta sur quelque réponse, lui reprocha cet air de bonté que j’avais pour elle, et la chassa.

Nanette (c’est le nom de cette jeune fille) vint