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pas d’eux, répondis-je. Plaisante déclaration d’amour, comme vous voyez : c’est pourtant la plus forte que je lui ai faite, encore m’échappa-t-elle, et n’y fis-je aucune réflexion ; après quoi je m’en allai chez moi tout rêveur. Un de mes amis vint m’y voir sur le soir. Savez-vous, me dit-il, qu’on doit demain passer un contrat de mariage entre mademoiselle une telle et M. de ... ? Je sors de chez elle ; tous les parents y sont actuellement assemblés ; il ne paraît pas qu’elle en soit fort empressée, elle ; je l’ai même trouvée triste, n’en seriez-vous pas cause ?

Comment ! m’écriai-je sans répondre à la question, on parle de contrat ? Eh mais, mon ami, je crois que je l’aime, je l’aurais aussi bien épousée qu’un autre, et je voudrais de tout mon cœur empêcher ce contrat-là.

Eh bien ! me dit-il, il n’y a point de temps à perdre ; courez chez elle ; voyez ce qu’elle vous dira. Les choses sont peut-être trop avancées, repris-je le cœur ému, et si vous aviez la bonté d’aller vous-même lui parler pour moi, vous me feriez grand plaisir, ajoutai-je d’un air niais et honteux.

Volontiers, me dit-il, attendez-moi ici, j’y vais tout à l’