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et n’ont jamais d’avis que celui qu’on leur donne.

Au reste, ce ne fut pas alors que je connus Mme de Fécour comme je la peins ici, car je n’eus pas dans ce temps une assez grande liaison avec elle, mais je la retrouvai quelques années après, et la vis assez pour la connaître : Revenons.

Eh ! mon Dieu, madame, dit-elle à Mme de Ferval, que je suis charmée de vous trouver chez vous, j’avais peur que vous n’y fussiez pas ; car il y a longtemps que nous ne nous sommes vues, comment vous portez-vous ?

Et puis elle me salua, moi qui faisais là la figure d’un honnête homme, et en me saluant me regarda beaucoup, et longtemps.

Après que les premiers compliments furent passés, Mme de Ferval lui en fit un sur ce grand air de santé qu’elle avait. Oui, dit-elle, je me porte fort bien, je suis d’un fort bon tempérament ; je voudrais bien que ma belle-sœur fût de même, je vais la voir au sortir d’ici ; la pauvre femme me fit dire avant-hier qu’elle était malade.

Je ne le savais pas, dit Mme de Ferval ; mais peut-être qu’à son ordinaire ce sera plus indisposition que maladie, elle est extrêmement délicate.

Ah ! sans doute, reprit la grosse réjouie, je crois comme vous que ce n’est rien de sérieux.

Pendant leurs discours, j’étais assez décontenancé ; moins qu’un autre ne l’aurait été à ma place pourtant, car je commençais à me former un peu, et je